Lifestyle Design : construisez la vie dont vous rêvez
Construire la vie dont nous rêvons
Nous arrivons maintenant à la dernière phase du processus : nous avons défini nos objectifs (ou savons en tout cas comment gérer leur absence), et nous savions déjà que le but final était d’attribuer à nos activités une durée proportionnelle à leur impact sur ces objectifs. Il nous reste donc à créer notre puzzle personnel, c’est-à-dire trouver les activités qui mènent à ce que nous visons et les combiner en un emploi du temps qui fonctionne.
Notez d’ailleurs que dans l’absolu, même si vous passez plus de temps sur une activité à l’impact modéré et moins sur une autre plus efficace, tant que votre puzzle dans son ensemble fonctionne, tout va bien. Mais l’idée d’investir du temps dans quelque chose en proportion de son impact reste un bon point de départ.
Malheureusement, comme vous vous en doutez, il n’existe pas de solution toute faite, puisque les objectifs, les activités et les ressources de chacun pour lancer ces activités sont différents. En outre c’est précisément ce processus de recherche de quoi faire, comment le lancer et comment l’équilibrer avec le reste qui permet d’apprendre et de grandir. D’où l’importance d’oser viser ce que l’on désire vraiment plutôt que ce qui semble accessible : c’est comme ça que l’on apprend.
Voici néanmoins quelques conseils généraux sur la manière de trouver et de combiner des activités en un puzzle qui fonctionne.
L’approche initiale
Comprenez tout d’abord qu’il existe un nombre infini d’activités, puisqu’elles représentent tout ce que l’on fait chaque jour et qui prend du temps. En outre, un objectif est composé d’un certain nombre d’activités : certaines qui disparaissent une fois terminées, d’autres qui reviennent régulièrement, certaines qu’on voit venir ou initie et d’autres qui apparaissent soudain, certaines qui contribuent à un objectif unique, d’autres à plusieurs, certaines séquentielles et d’autres simultanées, etc.
La toute première étape est donc de vous entrainer à associer ce que vous faites chaque jour (vos activités) à vos objectifs, pour développer l’habitude d’investir consciemment votre temps plutôt que d’être en permanence en autopilote et de laisser n’importe qui et n’importe quoi attirer votre attention et définir ce sur quoi vous passez votre temps. Mais gardez une approche légère : l’exercice doit être amusant plutôt que stressant.
Former cette habitude est sans aucun doute essentiel, et les réalisations qui vous attendent vont être clés pour ajuster votre vie, mais rien ne presse et il est tout à fait acceptable de simplement lister vos observations et conclusions si vous ne voyez pas encore comment modifier ce qui doit l’être. Et surtout, souvenez-vous que parmi vos objectifs, il y a des éléments sous-entendus qui n’ont pas besoin d’être expressément listés mais que certaines de vos activités devront néanmoins couvrir : manger, dormir, se laver, se détendre, etc.
Ensuite, tout en formant cette habitude et une fois que vous commencez à mieux identifier sur quoi vous passez vos journées, c’est l’heure de faire un bilan initial de votre situation actuelle : installez-vous au calme avec votre liste d’objectifs et vos observations, et regardez avec franchise vos activités actuelles et leur lien avec ce que vous visez. Vous allez pouvoir identifier les manques et ce qui doit disparaitre ou être modifié.
Si certaines actions sont faciles à mener alors implémentez-les d’ores et déjà, mais parfois il faut attendre d’avoir un remplacement avant de changer quelque chose, ou alors tout est tellement imbriqué qu’il faut agir prudemment et progressivement. Donc à ce stade, il est suffisant d’identifier les problèmes et le résultat que l’on aimerait obtenir à la place.
Ensuite, nous allons utiliser les outils présentés dans les deux parties qui suivent pour agir et ainsi créer puis maintenir à jour notre puzzle. Toutefois refaire un bilan général une fois par an n’est jamais une mauvaise chose. Par exemple en même temps que vous mettez vos objectifs à jour.
Note
D’ailleurs même si mon expérience personnelle se fonde exclusivement sur la gestion d’une entreprise, j’ai essayé de rédiger cet article pour qu’il soit utile quelle que soit votre méthode de génération de revenus.
Règles générales concernant nos activités
Les activités qui composent vos objectifs doivent être en majorité fun : autrement dit la route menant à ce que vous visez doit être agréable à parcourir la plupart du temps. Donc si jour après jour certaines activités vous pèsent, vous fatiguent, tuent votre inspiration ou siphonnent votre énergie, il est temps de sérieusement chercher une alternative. Et le risque est particulièrement grand pour les activités génératrices de revenu (le syndrome « je haie mon boulot ! ») : puisqu’il s’agit plus ou moins du seul objectif incompressible, c’est aussi celui qui a le plus de chances de mener à des activités inintéressantes, là où vous pouvez facilement supprimer les autres si elles ne vous conviennent pas et les remplacer par d’autres plus sympas, ou alors supprimer du même coup l’objectif qui leur est associé.
Note
Ensuite, souvenez-vous qu’il est inévitable que certaines activités menant à vos objectifs soient rébarbatives. Il faut donc développer la capacité à déterminer si le chemin que vous suivez est le bon avec simplement un passage un peu mou, ou si le problème est inhérent à la route (qu’il faut alors modifier). Et un bon test pour savoir si vous êtes sur la bonne voie est de vous souvenir de pourquoi vous faites X : tant que ce résultat final vous motive alors avancez, mêmes si certaines étapes intermédiaires ne sont pas passionnantes.
Honnêtement, chercher et démarcher des sociétés de production pour tenter de lancer mon projet d’animation n’est pas le plus intéressant ! Mais ce n’est qu’une étape (parmi d’autres qui plus est) dont la finalité est une priorité pour moi. Donc dans ces situations, allez toujours au bout de ce que vous lancez : parfois certaines idées qui arrivent sont rapides à mettre en œuvre, et parfois elles nécessitent plus de temps, et il faut alors se forcer à les mener à bien, car ce qui n’est pas fini ne mène jamais nulle part. Et quel gâchis de laisser dépérir un objectif simplement par manque de discipline pour terminer une étape intermédiaire ennuyeuse !
Ce point est particulièrement important lorsque vous avancez à l’aveuglette parce que vous ignorez comment atteindre un objectif (voir plus bas) : dans cette situation, il est impossible de deviner ce qui va marcher et les conséquences d’un abandon ne sont pas immédiatement visibles.
Si par contre vous perdez de vue la destination derrière ces activités inintéressantes, alors faites une pause le temps de déterminer si elle en vaut encore la peine. Si non, passez à autre chose. Et si la destination reste importante mais que les activités rébarbatives ne sont pas temporaires (à nouveau l’exemple du travail qu’on déteste), alors il est temps de les modifier.
Enfin, certaines activités et périodes risquent de ne pas être des plus sympathiques : non pas à cause d’un manque d’intérêt, mais à cause de la peur. C’est ce qui arrive lorsque l’on commence à quitter sa zone de confort (en vérité ça DOIT arriver si vous visez ce qui vous attire vraiment plutôt qu’uniquement ce qui est accessible).
Mon conseil pour décider quoi faire dans cette situation est d’imaginer vos options si vous ne vous lancez pas dans ce qui vous effraye : si vous êtes honnête avec vous-même, voyez-vous une alternative ? Si oui alors cela veut peut-être dire qu’il existe une meilleure activité, ou que votre gêne est le signe que ce que vous vous apprêtez à faire ne fait pas partie de votre Voie. Si par contre il n’existe pas d’autre option mise à part abandonner, alors vous savez que vous devez avancer malgré vos peurs.
Lorsque j’ai décidé de déménager au Japon, le projet était effrayant : quitter un pays que je connaissais, mes amis, mon appartement confortable, toute ma vie des 10 dernières années… Et toute la paperasse, les incertitudes et les choses à organiser qui m’attendaient ne faisaient rien pour arranger les choses ! Mais il me suffisait d’imaginer l’alternative (c’est-à-dire annuler tout et rester en Suède) pour savoir qu’il n’existait en réalité aucun autre moyen de progresser. Fort de cette certitude, j’ai fait ce qu’il y avait à faire.
Il arrive aussi parfois que l’on se sente dépassé lorsque l’on acquiert beaucoup de nouvelles informations ou perspectives, ou que l’on s’imagine dans une situation complètement nouvelle (surtout lorsque cela remet en cause notre vision du monde ou nous ouvre les yeux sur des choses que l’on ne voyait pas jusque-là), et la réaction habituelle est souvent de rejeter en bloc ce qui nous dérange. Pour gérer ce problème, je me donne en général quelques jours pour assimiler ces nouvelles connaissances : je prends le temps de me familiariser avec une nouvelle perspective et de me l’approprier, j’essaye d’en évaluer les conséquences, je laisse mon esprit jouer avec les nouvelles idées, les comparer avec ce que je sais, etc. Et le temps aidant, elles deviennent plus acceptables, et je peux commencer à franchir de petites étapes en direction de leur mise en œuvre (si ces étapes existent), ou alors je me lance carrément.
Les exemples les plus parlants sont mes conversations avec plusieurs connaissances lors de mon trajet en voiture de la Suède vers la France à l’automne 2019 : alors que je présentais en quelques mots le TEDx Talk que j’allais donner dans les jours à venir, cela les a amenés à parler de leur vie, et notamment de leur carrière et de la possibilité d’en changer. Et j’ai remarqué que la seule idée de faire quelque chose de différent de ce qu’ils avaient fait pendant près de 10 ans était tellement effrayante qu’aussitôt que j’en faisais mention, ils trouvaient toutes sortes d’excuses pour rejeter l’idée. Et pourtant c’était bien eux qui me racontaient leurs rêves, et je me contentais de pousser la logique un cran plus loin !
J’ai fini par leur dire d’arrêter de rejeter l’idée simplement parce qu’elle était effrayante et qu’ils ne voyaient aucun moyen de la mettre en œuvre immédiatement, et à la place de la laisser s’installer dans leur esprit : prendre le temps de la contempler, d’imaginer en quoi leur vie changerait, de regarder les conséquences (bonnes et mauvaises), etc. Car, après tout, il ne s’agit que de jouer avec notre imagination, et cela ne coute rien d’y penser. Et le plus intéressant est sans doute qu’en acceptant simplement de regarder en face cette perspective effrayante et de m’en parler, ils ont commencé à ressentir une certaine excitation et à entrevoir des petites étapes qu’ils pouvaient d’ores et déjà franchir pour explorer plus avant (par exemple en faisant des recherches sur Internet, en discutant avec quelqu’un dans le domaine, etc.). C’est d’ailleurs souvent comme ça que les grands changements arrivent : une idée effrayante qui demande du temps pour être apprivoisée, avant de donner lieu à des actions concrètes.
Attention cependant à ne pas vous servir de ça comme excuse pour éviter d’agir le moment venu ! Si l’idée en question est suffisamment ambitieuse, vous ne serez jamais entièrement prêt(e) à la mettre en œuvre, donc le but est simplement de donner le temps à la confusion et la paralysie de disparaitre avant de regarder les alternatives (comme expliqué précédemment) et d’agir si le chemin est le bon, peu importe les peurs qui subsistent.
Quand les activités sont connues
Maintenant que votre bilan initial est terminé et que votre état d’esprit est axé sur vos activités et leur lien avec vos objectifs, il est temps de travailler à la création de votre puzzle. Peu importe si les changements à apporter sont importants ou négligeables (et de toute façon au fil des années il y aura toujours des passages avec des modifications importantes et d’autres où tout roule) : le premier aspect concerne les activités qui sont connues, telles vos activités actuelles, les opportunités qui s’offrent à vous ou encore quelque chose que vous souhaitez mettre en place en sachant exactement comment procéder. Dans toutes ces situations, vous voyez concrètement sur quoi investir votre temps et avez une idée générale de la durée.
Dans cette situation il vous faut évaluer l’impact des activités en question sur vos objectifs, puis décider de les lancer ou non, et si oui telles quelles ou avec quelles modifications, et enfin trouver une place dans votre emploi du temps pour les activités sélectionnées (et ainsi créer votre puzzle).
Voyons quelques conseils pour ce faire.
A. Deux grandes règles à suivre autant que possible
Gardez en tête les deux règles suivantes lorsque vous prenez des décisions :
Quand une activité mène à un objectif mais n’est pas cet objectif (par exemple générer un revenu à travers une activité X), on va chercher à limiter au maximum le temps passé dessus, puisque ce qui importe c’est bien le résultat. C’est la règle que j’applique quand je cherche à facturer au projet plutôt qu’à l’heure : je peux alors travailler aussi vite que possible (donc réduire le temps passé sur l’activité) sans perdre d’argent.
Par contre dans cette quête de vitesse, attention à ne pas mutiler une activité au point qu’elle ne serve plus les mêmes objectifs. Par exemple, toujours au niveau professionnel, si établir une relation avec un client est important pour moi, je ne vais pas chercher à diminuer la fréquence des vidéo-conférences : cela n’aurait certes aucun impact sur mon objectif de génération de revenus, mais je perdrais les bénéfices sur mon objectif de création de réseau.
En revanche si l’activité EST l’objectif, alors le temps à y investir dépend de l’intérêt éprouvé (c’est-à-dire qu’on fait ce qu’il y a à faire jusqu’à s’ennuyer) et de la place disponible dans notre puzzle. Et si l’on veut y passer plus de temps il faudra alors ajuster le reste.
On ne cherche à augmenter le temps investi dans une activité que si cela permet de couvrir plus d’objectifs et/ou de mieux les couvrir. C’est par exemple ce que je fais quand je propose de rendre visite à certains prospects géographiquement proches : d’expérience, une rencontre physique peut accroitre les commandes que je reçois d’eux, en plus de peut-être débloquer de nouvelles opportunités. Donc j’augmente le temps passé sur le démarchage de ces clients car cela a un impact positif sur l’objectif de génération de revenus.
Cela dit, vu la règle n°1 précédente, on va toujours chercher à limiter au maximum le temps à investir pour accomplir ces résultats.
B. Deux outils principaux
Pour aider à évaluer les activités connues et à les organiser en un tout cohérent, j’utilise deux modèles :
Essayez de diviser vos objectifs en critères permettant d’évaluer à quel point une activité est en phase avec eux. Certains sont binaires, d’autres ressemblent plus à une échelle.
Pas besoin d’être extrêmement détaillé : il suffit d’avoir une idée générale des aspects d’une activité auxquels faire attention. Et bien sûr il faut mettre cette liste à jour lorsque l’on modifie ses objectifs (quitte à repasser ensuite en revue les activités connues, à la lumière de ces nouvelles priorités).
Par exemple en ce qui me concerne, quand une activité se présente je regarde si elle génère ou non un revenu, si oui son montant horaire estimé et son degré de flexibilité en termes de lieu et d’horaires, j’estime sa capacité à me faire rencontrer des gens utiles pour moi (que ce soient des amis ou des contacts professionnels) et à accroitre ma réputation, je vois si elle peut me rapprocher (même indirectement) de mon projet de série d’animation et/ou de doublage, etc.
Cela aide à juger la valeur intrinsèque d’une activité vis-à-vis de nos objectifs et du temps qu’elle requiert et nous permet de les comparer entre elles pour aider à découvrir les plus efficaces, avant de choisir ou non de les ajouter à notre puzzle. C’est aussi un excellent moyen d’évaluer des activités complexes (comme un emploi), en se concentrant sur les éléments qui nous importent pour en juger l’efficacité (ces éléments devenant les points à négocier si besoin).
Essayez de rassembler vos activités en catégories basées sur le type d’activités et/ou l’objectif couvert, puis attribuez-leur un ordre de priorité sur le modèle « j’investis d’abord mon temps libre dans la catégorie 1. S’il m’en reste, je le passe sur la catégorie 2. » et ainsi de suite, en sachant que parfois c’est à vous de mettre une limite maximale au temps investi dans une catégorie.
Dans mon cas, en arrivant au Japon en mars 2020, j’avais 4 catégories : priorité maximale à ce qui génère un revenu (catégorie 1) jusqu’à atteindre le montant « vie typique » (au-delà la priorité devient minimale). Sur mon temps libre, priorité aux activités qui me permettent de rencontrer des amis et contacts professionnels et d’accroitre ma réputation (catégorie 2, dont la limite haute est mon ressenti : quand j’ai suffisamment de sorties et rencontres planifiées pendant la semaine je passe naturellement à la catégorie 3). Sur mon temps libre, priorité à tout le travail administratif que je dois réaliser seul sur mon ordinateur (catégorie 3, que je limite en restreignant le contenu de ma liste « choses à faire » à ce qui me semble le plus utile). Enfin sur le temps restant je visite Kyoto et le Japon (catégorie 4).
Cela aide à combiner toutes les pièces du puzzle en un planning suffisamment flexible pour inclure les activités imprévisibles et/ou encore inconnues (voir partie suivante). En plus, cela aide à identifier des déséquilibres dans sa vie : il m’arrive régulièrement de me dire qu’il me manque quelque chose, et en passant en revue ces catégorie je peux facilement déterminer où est le problème et essayer de lancer quelque chose dans le domaine (quitte à, de temps en temps, renverser l’ordre des priorités, en sortant par exemple visiter la ville alors que je n’ai pas terminé le travail rémunéré).
Enfin, là aussi, c’est une bonne idée de réévaluer les critères qui définissent vos catégories et leur priorité lorsque vous mettez vos objectifs à jour, et de voir les conséquences sur votre planning.
C. En bref
Donc, pour évaluer les activités connues :
Bien sûr, en pratique il est très difficile de connaitre l’impact d’une activité sur nos objectifs avant de la lancer. À nous alors de chercher autant d’informations que possible en amont pour décider de tester ou non. Et si oui, de régulièrement évaluer cet impact pour décider ou non de poursuivre.
Note
J’ai personnellement une liste d’activités « et pourquoi pas ? » où je mets toutes les idées et opportunités qui n’ont pas vraiment leur place dans ma structure standard mais que je souhaite tout de même lancer. Parfois cela mène à des contacts utiles, parfois j’apprends des choses, et parfois ça fait juste une histoire à raconter à mes amis ! C’est la raison pour laquelle j’ai par exemple rejoint une année l’équipe de volontaires d’un salon du manga et de l’animation à Kyoto.
Cet équilibre entre suivre son cœur et un processus plus froid et méthodique va aider à ne pas se jeter dans n’importe quoi et à évaluer les conséquences de ses choix, tout en reconnaissant qu’on ne maitrise pas tout et qu’il faut aussi savoir expérimenter et tirer des conclusions après coup.
Quand les activités sont inconnues
Tout le TEDx ainsi que la majorité de cet article reposent sur la supposition que nous connaissons nos objectifs et les activités à mettre en place pour les atteindre. Nous avons déjà discuté de quoi faire si nos objectifs nous sont inconnus, et de manière identique il est très commun de ne pas savoir comment procéder, même avec un but clairement défini. C’est même plutôt bon signe car cela veut dire que l’on vise véritablement ce que l’on veut atteindre et non plus seulement ce qui semble accessible !
Donc même si cette partie ne traite plus vraiment de la création de notre puzzle et s’attarde plutôt sur comment trouver les activités menant à nos objectifs, elle reste essentielle dans la mise en place de la vie de ses rêves.
A. État d’esprit à adopter
La perspective est la même que lorsque l’on ignore ses objectifs : il faut accepter que notre logique soit incapable de déterminer comment atteindre X ou que le chemin que l’on voit ne soit pas le bon. Et ce souvent parce que les ressources nécessaires ne nous sont pas immédiatement évidentes ou accessibles.
Dans le même temps, nous devons reconnaitre que nos émotions connaissent la route et nous guident. Ainsi, nous avançons à l’aveuglette : l’objectif est peut-être clair mais pas le chemin qui y mène (donc les activités qui le composent), et pour les découvrir il va falloir « suivre ses tripes ».
Ensuite si l’objectif est clair, on peut traiter les activités ainsi trouvées sur la route comme n’importe quelles activités connues (voir partie précédente), même si en général on va surtout agir dessus sans tarder, et sans vraiment les analyser, puisqu’elles sont notre seule option sur un chemin où l’on tâtonne.
Si, en revanche, l’objectif n’est pas clair (donc difficile d’utiliser les deux outils présentés précédemment pour investir son temps stratégiquement puisqu’il n’y a aucun objectif auquel se référer), on va se contenter d’investir du temps dans les activités qui nous parlent au moment où elles arrivent, et si besoin de diminuer celles qui, en comparaison, sont moins intéressantes, même sans savoir où cela mène.
C’est ce que j’ai fait pendant l’été et l’automne 2019 où, même si je ne savais pas encore où j’allais, il était clair que mon association ou mes activités de démarchage étaient devenues moins importantes que le besoin de voyager et de rendre visite à de vieux amis.
Pour essayer d’illustrer la philosophie qui sous-tend ma manière d’aborder des objectifs et/ou des activités qui ne sont pas clairs (et au passage me la rappeler à moi-même, surtout lorsque je recommence à m’inquiéter en me demandant comment je vais atteindre ceci ou cela), j’utilise l’image suivante : imaginez que vous conduisez un train. Il avance plus ou moins en permanence sans notre aide : c’est notre vie qui se déroule et ne s’arrête jamais et dont la destination finale est de toute façon notre propre mort. Donc ce qui compte c’est le trajet, et notamment toutes les gares, qui représentent nos objectifs.
Parfois nous avons identifié ces gares et donc nous savons où nous allons, et parfois non (au point même de découvrir la destination en l’atteignant !). Parfois le chemin de fer devant nous et jusqu’à la prochaine gare est relativement visible, et parfois on ne voit que quelques mètres devant soi. Mais dans tous les cas, que l’on connaisse ou non les gares (nos objectifs) ou le chemin (l’enchainement d’activités), nous les atteindrons, notre travail se résumant à savoir lire les panneaux indiquant quand et vers où bifurquer pour rester sur la bonne voie.
À noter aussi qu’il ne nous appartient pas de définir l’ordre d’accès aux gares/objectifs, quand les atteindre ou la route à emprunter : nous ne pouvons que suivre le chemin de fer et bifurquer au bon moment. Mais en aucun cas ne nous est-il possible d’influencer le trajet (et s’acharner à le faire est le plus sûr moyen de ralentir tout le processus et de générer inquiétude et frustration !).
Cela signifie que, plutôt que de construire la voie menant à ce que nous visons, nous devons chercher à nous aligner avec un chemin existant. Parfois c’est relativement aisé, surtout lorsque l’on ignore ses objectifs et/ou comment les atteindre (il n’y a alors pas d’autre choix que de voir ce qui va arriver !). Parfois en revanche nos connaissances et ressources sont suffisantes pour nous laisser deviner un chemin, et si le processus est direct et sans surprise (typiquement l’expérience accumulée qui permet d’avoir de plus en plus de succès à quelque chose, ou alors on ne vise pas assez loin), alors tout va bien. Mais il arrive aussi que l’on croie savoir où aller et quoi faire alors que ce n’est pas la bonne route : on voit des opportunités où il n’y en a pas, on s’escrime à prendre une route qui n’existe pas… Comme j’ai pu m’escrimer à une époque à tenter de convaincre des entreprises de mes compétences, persuadé que je devais d’abord être employé avant d’être à mon compte.
Ensuite, rater une bifurcation ou prendre la mauvaise décision se manifeste sous différentes formes : parfois c’est une opportunité manquée (par exemple ne pas avoir osé contacter quelqu’un d’essentiel pour progresser), parfois la vie se met à boucler et rien ne change (par exemple s’entendre dire encore et encore de faire X et rien ne progresse tant que ce n’est pas fait), parfois l’impression que le train arrive en bout de ligne et s’arrête (par exemple mon départ au Japon où plus rien ne semblait faisable en Suède pour avancer). Mais dans tous les cas il n’est jamais trop tard pour revenir sur la bonne route : l’opportunité manquée reviendra sous une autre forme, il suffit de lancer ce qui bloque pour quitter la boucle infinie ou encore de changer de voie pour que tout reparte.
Enfin, pour savoir quand et vers où bifurquer, il faut garder les yeux ouverts et avoir l’esprit clair pour suivre son intuition et ainsi agir sur les idées et opportunités qui se profilent, peu importe si elles semblent logiques ou non. Car nous devons agir (aucune chance d’atteindre nos objectifs en se tournant les pouces !), mais au bon moment. Et toutes les émotions négatives qui affectent notre calme sont comme du brouillard ou de la pluie qui complexifient la découverte des panneaux indiquant où et quand bifurquer.
Concrètement, pour certains de mes objectifs très clairs mais que je ne sais pas comment réaliser, je me contente de suivre les idées qui surgissent et de poursuivre les opportunités qui me parlent (c’est-à-dire suivre les panneaux qui indiquent de bifurquer, sans pour autant connaitre tout le trajet et savoir à quel moment j’arriverai ou par quelle route). Et si jamais mon esprit n’est plus clair, je commence par rechercher la paix avant de prendre toute nouvelle décision.
B. Se sentir bien pour savoir où aller
Quand nous ignorons la prochaine étape sur notre route, la première chose à faire est donc de se sentir bien, car c’est ainsi que l’inspiration et les idées arrivent, ou tout simplement que l’on sait reconnaitre et que l’on a l’énergie nécessaire pour saisir les opportunités qui se présentent.
Ramené à l’image du train, cela revient à laisser passer l’orage pour retrouver une visibilité optimale. Et pour ce faire j’ai quatre méthodes vers lesquelles je reviens toujours (en général dans l’ordre présenté ci-dessous) :
J’essaye toujours de remarquer et d’offrir mes remerciements pour toutes les petites choses que j’apprécie chaque jour. Mais surtout tous les soirs, je remercie pour ce qu’il m’est arrivé de meilleur dans la journée. C’est une habitude que j’ai formée après la lecture du livre de Rhonda Byrne « The Magic », avec l’idée que cela force à ressasser le positif (pour sélectionner le meilleur) et à oublier le négatif.
Si ça ne suffit pas, je prends le temps de lister 10 choses que je remercie d’avoir dans ma vie (en entrant suffisamment dans les détails pour ressentir de la gratitude), ce qui est particulièrement efficace pour relativiser nos soucis : lorsque quelque chose nous manque ou nous inquiète, on a tendance à ne voir plus que ça, et prendre de la distance pour voir tout ce qu’on a déjà aide à accepter ce qui nous manque, à en faire une priorité mais sans y attacher d’émotions négatives.
J’imagine l’avenir en ayant réussi à obtenir ce qu’il me manque. D’ailleurs je ne m’autorise à imaginer l’avenir que de cette manière. Si je me surprends à imaginer des échecs, des manques ou autre, soit je transforme ces images, soit je m’interromps et remercie pour ce que j’ai déjà (point précédent).
Quand je n’ai pas l’esprit suffisamment calme pour imaginer un avenir radieux ou assez d’énergie pour me concentrer sur ce qui fonctionne malgré la frustration, les inquiétudes et d’autres émotions négatives, je me mets tout simplement à méditer. Cela permet aux pensées de se calmer et aide à en dissocier mes émotions, pour retrouver la sérénité.
Parfois la tristesse, le désespoir ou la colère sont si forts que rien ne marche. Auquel cas je prends mon carnet et mon stylo et je laisse libre court aux émotions (en général avec un fond musical adapté qui aide à soulever ces émotions). Cela aide à se vider l’esprit et à retrouver une forme de paix (souvent aussi due à l’épuisement).
Si tout le reste a échoué, il me reste un dernier conseil à partager qui, s’il est exécuté correctement, fonctionne à chaque fois. Cela dit il doit être employé avec parcimonie, au risque de se retrouver paralysé par la peur et l’indécision, ou de perdre toute motivation et sentiment d’avoir un but. Et cet outil puissant mais dangereux consiste à se forcer à se rappeler de notre nature éphémère : il ne s’agit pas de se répéter de manière automatique une suite de mots sans signification, mais bien d’arrêter ce que l’on est en train de faire, de se poser, de regarder ce qui nous entoure ici et maintenant, et d’imaginer qu’une fois notre activité actuelle terminée (ou une fois que l’on va quitter la pièce où l’on se trouve, ou n’importe quelle échéance très concrète et proche dans le temps), nous allons mourir.
Si vous faites cet exercice correctement et que vous arrivez à vous convaincre, je vous promets que vous allez percevoir votre vie de manière totalement nouvelle (peut-être pour la toute première fois) : tout ce qui vous entoure va prendre une nouvelle dimension, tout devient plus coloré, plus intense, les soucis s’évanouissent. On peut aussi bien entendu se faire très peur, mais puisque dans cet exercice il est impossible d’échapper à notre mort, il est également inutile de la craindre. Mieux vaut au contraire profiter à fond de chaque seconde qui passe, puisque c’est tout ce qu’il nous reste.
Cet exercice va bruler tout ce qui vous encombre l’esprit et vous empêche d’être heureux(se) et en paix. En outre, une fois l’échéance atteinte (et dans l’idée que vous n’êtes pas mort(e) !), vous serez reconnaissant(e) de ce délai qui vous est accordé… tout en sachant que l’échéance n’a été que retardée et pas annulée, et qui plus est d’une durée indéterminée. Car s’il ne s’agit effectivement que d’un exercice, il repose néanmoins sur une vérité très profonde. J’y reviens dans la conclusion.