Comment enseigner sa langue maternelle à son conjoint
Autres outils pour faciliter compréhension et mémorisation
Parler le plus souvent possible, avoir la bonne attitude et adapter vos phrases pour les rendre faciles à comprendre et à mémoriser est sans doute le plus important. Toutefois voici quelques idées supplémentaires pour améliorer encore le processus d’apprentissage :
Utilisez votre corps !
Pensez à bouger, à utiliser le langage corporel : mimez, montrez, déplacez-vous si besoin. C’est assez fatiguant mais cela rendra vos échanges vivants et faciles à comprendre. Et puis votre partenaire n’est pas prêt(e) d’oublier une séance de mime !
Accrochez-vous à un sujet
Restez longuement sur un sujet : à force de répéter les mêmes mots ils finiront par rentrer.
Discuter avec d’autres
N’hésitez pas à pousser l’élève à parler avec d’autres personnes que vous une fois qu’il/elle a de bonnes bases. Cela va permettre de s’habituer à d’autres accents, rythmes et expressions (et puis le but est de pouvoir discuter et comprendre tout le monde, pas juste vous !).
En revanche ne vous attendez pas à un miracle : bien souvent vous devrez rester à côté pour guider la réflexion de l’élève ou reformuler la phrase de son interlocuteur pour la simplifier. En effet, tout le monde n’a pas l’habitude de parler à un étranger et parfois ils parlent trop vite, ne répètent pas, ou bien emploient un vocabulaire trop différent du votre.
D’expérience je peux dire que même le jour où vous parvenez à avoir des discussions dans votre langue maternelle avec votre conjoint, ce n’est pas une garantie qu’il/elle puisse parler avec d’autres personnes. Dans mon cas, j’avais atteint un stade où je pouvais parler français avec mon ex-partenaire presque tout le temps, et pourtant elle avait encore beaucoup de mal à comprendre mes grands-parents.
Employez la juste quantité de grammaire, au bon moment
Ne laissez pas complètement de côté les règles de grammaire, de conjugaison ou autre : voyez-les plutôt comme un complément permettant de parfaire des bases solides. L’enseignement n’est certes pas basé dessus, mais le jour où votre partenaire n’a plus besoin de réfléchir pour formuler certaines phrases et qu’il reste quelques petites erreurs, n’hésitez pas à expliquer la règle à appliquer pour les corriger. L’élève, qui n’a donc plus besoin de réfléchir pour faire sa phrase, aura l’attention nécessaire pour comprendre, mémoriser et appliquer cette règle.
J’ai en tête l’exemple de mon ex-partenaire répétant « je aller » au lieu de « je vais ». Dans un premier temps le plus important était qu’elle connaisse le verbe « aller » pour que l’on comprenne ce qu’elle disait, et je n’ai donc rien corrigé. Mais après un temps, alors qu’elle parvenait à bien s’exprimer, je lui ai détaillé la conjugaison du verbe : n’ayant plus 15 choses à mémoriser en même temps, elle s’en est souvenue.
3 commentaires
Marie
Je témoignerai simplement en qualité de maman : la compagne de mon fils étant étrangère. Notre première rencontre était chaleureuse mais accompagnée par mon fils qui devait intervenir car mon niveau d’anglais était médiocre. Mais en moins d’un an non seulement nous pouvions communiquer de vive voix, par skype mais la chaleur et l’accueil qui est ressorti de cette relation est fantastique. Non seulement ma belle fille trouvait une autonomie en venant en France, mais elle attirait le sourire, la sympathie des commerçants, des personnes qu’elle rencontrait. Quand à sa place dans la famille elle est tout à fait particulière. Je pense que cet apprentissage renforce la découverte de la culture de l’autre, le respect pour ce qu’il est et donne la possibilité à la personne étrangère de prendre une place à part entière dans sa belle famille.
Au quotidien c’est peut être un vrai travail, mais je peux témoigner de fous rires, de situations drôles, de chaleur et de respect tant pour celui qui enseigne que pour celui qui apprend
Fanny
Bonjour, mon partenaire est anglais et j’essaye de lui apprendre le français mais la plus grande difficulté est la conjugaison des verbes. Pour chaque verbe il faut apprendre 6 conjugaison rien que pour le présent. Je me demande donc si il vaut mieux que l’on parle à l’infinitif ( ex: je être content ) pour aller plus vite quitte à ce que ce soit incorrect ou bien continuer à utiliser les conjugaisons qui tendent à l’embrouiller.
Vous dites que l’important c’est la compréhension et donc avec l’infinitif je comprends mais si je parle normalement il ne va plus me comprendre ( surtout pour les verbes irréguliers donc la conjugaison ne ressemble pas du tout à l’infinitif ) merci de vos conseils très appréciés
David Gay-Perret
Bonjour Fanny et merci de votre commentaire !
Mon conseil est le suivant : laissez-le employer l’infinitif jusqu’à ce que ce soit bien rentré. Certes il faudra casser l’habitude après coup mais d’expérience c’est beaucoup plus facile que de tenter d’enseigner les conjugaisons et ça vous permettra d’avancer. Sinon il va se retrouver bloqué à chaque phrase (exactement le syndrome de l’apprentissage scolaire) et n’apprendra rien. Après tout même si les verbes sont importants, il y a beaucoup d’autres éléments à apprendre donc mieux vaut une méthode imparfaite mais qui marche et permet de communiquer et de poursuivre l’apprentissage d’autres éléments en s’amusant plutôt qu’un enseignement précis mais rébarbatif et qui bloque tout le reste.
PAR CONTRE je vous encourage à employer les verbes correctes. Ma méthode se base sur le mimétisme : vous devez donc donner le bon exemple. L’idée est qu’il va comprendre votre phrase bien avant de pouvoir la formuler par lui-même mais après suffisamment de temps il commencera à la copier. Vous aurez alors une situation assez drôle ou certaines phrases sont parfaites car copiées, et d’autres avec le même verbe mais mal/pas conjugué car construites par lui-même ! Mais de là il vous suffira d’expliquer rapidement la grammaire pour ajuster.
Et si vous tombez sur un verbe complexe essayez de le remplacer par un autre déjà connu OU proche de l’anglais OU dont la forme conjuguée n’est pas très éloignée de l’infinitif (tout le 1er groupe par exemple). Si tout échoue, débutez votre phrase jusqu’au verbe en question, traduisez-le, répétez la phrase et terminez-la. Par exemple avec le subjonctif ça donnerait : “il faut que j’aille – go – il faut que j’aille au supermarché”.
Souvenez-vous : ayez patience. Cette méthode est longue, il faut répéter plusieurs fois, avancer, revenir pour ajuster… Comme un dessin : on ne dessine jamais tous les détails d’un cm² avant de passer au suivant. On dessine les grandes lignes de toute l’image, puis on repasse, on affine, on ajoute les détails, on peaufine…